samedi 12 avril 2008

Afrique australe: L'Afrique australe en sommet sur le Zimbabwe, "pas de crise" selon Mbeki


Le président sud-africain Thabo Mbeki a affirmé samedi qu'il n'y avait "pas de crise" au Zimbabwe, peu avant l'ouverture d'un sommet extraordinaire de la région consacré à la situation dans ce pays, toujours dans l'attente des résultats de la présidentielle du 29 mars.
"Il n'y a pas de crise au Zimbabwe. Un processus électoral a eu lieu et nous attendons tous que la ZEC (Commission électorale zimbabwéenne) annonce les résultats" de l'élection, a déclaré Mbeki à l'issue d'un entretien avec son homologue zimbabwéen à Harare.
Deux semaines après le scrutin présidentiel qui a opposé Robert Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, à son rival Morgan Tsvangirai, le Zimbabwe attendait toujours les résultats officiels.
Thabo Mbeki s'était rendu dans la matinée à Harare pour rencontrer Robert Mugabe, qui a refusé de participer au sommet régional de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe) organisé samedi à Lusaka.
Le président Mugabe est apparu devant le siège de la présidence au côté de Mbeki et a confirmé qu'il ne se rendrait pas à Lusaka, tout en minimisant la portée de ce refus.
"Nous sommes de très bons amis, nous sommes des frères", a-t-il déclaré à propos du chef de l'Etat zambien Levy Mwanawasa, qui a convoqué la réunion en tant que président de la SADC.
Le gouvernement zimbabwéen, qui a dépêché quatre ministres en Zambie, a déjà minimisé l'importance du sommet. Il n'y a "nul besoin de régionaliser la crise", a déclaré à l'AFP à Lusaka le ministre de la Justice Patrick Chinamasa.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de Morgan Tsvangirai, qui revendique la victoire à la présidentielle, a quant à lui appelé la SADC à dénoncer "la dictature" de Mugabe et à faire pression pour que celui-ci se retire.
Au Cap, les présidents des assemblées nationales de six pays d'Afrique australe ont appelé leurs dirigeants à oeuvrer pour une "résolution rapide de l'impasse" au Zimbabwe.
Mais l'issue de la réunion de Lusaka dépendra beaucoup de l'attitude de Mbeki, président de la première puissance régionale, qui avait été chargé par ses pairs d'une médiation entre le pouvoir et l'opposition au Zimbabwe avant les élections.
Les dirigeants africains ont jusqu'ici toujours évité de condamner publiquement Robert Mugabe, héros de la lutte contre la suprématie blanche, en dépit des répercussions régionales de l'effondrement économique du Zimbabwe.

A Harare, Thabo Mbeki a pris ses distances avec Morgan Tsvangirai.
Tsvangirai "est venu me voir (à Pretoria) pour me donner son appréciation des élections", a déclaré Mbeki. "J'ai écouté ce qu'il avait à dire".
"Il m'a dit qu'ils (l'opposition) avaient gagné et qu'ils ne voyaient pas pourquoi il y aurait un second tour" à la présidentielle.
"Mais, comme je l'ai déjà dit, l'organe autorisé à publier les résultats est la Commission électorale. Attendons qu'elle annonce les résultats", a martelé Mbeki.
Il a également évoqué, en soutien de la légalité du processus, une procédure entamée par le MDC en justice pour obtenir la publication immédiate des résultats, dont le jugement a été mis en référé à lundi. "C'est au tribunal de trancher", a-t-il dit.
Tsvangirai estime avoir remporté l'élection au premier tour, alors que le parti au pouvoir, la Zanu-PF, réclame l'organisation d'un second tour.
Aux élections législatives, organisées en même temps que la présidentielle, la Zanu-PF a perdu la majorité qu'elle détenait depuis 28 ans à la chambre des députés.
Alexander Joe AFP ¦ Le président sud-africain Thabo Mbeki (g) et son homologue zimbabwéen Robert Mugabe, le 12 avril 2008 à Harare

© 2008 AFP