jeudi 24 avril 2008

Zimbabwe: les Etats-Unis saluent la "victoire claire" de Tsvangirai


La pression s'est encore accentuée jeudi sur le chef de l'Etat zimbabwéen Robert Mugabe au pouvoir depuis 1980, quand une responsable américaine a parlé d'"une victoire claire" de son rival Morgan Tsvangirai à la présidentielle.
La secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer, a affirmé jeudi que les Zimbabwéens avaient "voté pour le changement".
"Les résultats les plus crédibles dont nous disposons à ce jour montrent une victoire claire de Morgan Tsvangirai au premier tour et peut-être une victoire totale", a-t-elle déclaré lors d'une visite en Afrique du Sud, au cours de laquelle elle doit rencontrer le leader de l'opposition zimbabwéenne.
"Les Etats-Unis sont de plus en plus préoccupés par la violence et les violations des droits de l'Homme au Zimbabwe", a ajouté Mme Frazer, attendue aussi en Angola, allié traditionnel de Mugabe, et en Zambie, qui préside actuellement la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).
Submergée d'appels de Washington, de Londres et d'organisations comme Amnesty International, la Chine a renoncé à livrer des armes au Zimbabwe et annoncé le retour de son navire, le An Yue Jiang, repoussé de port en port depuis plusieurs jours. "A ma connaissance, la compagnie chinoise a décidé de rappeler le bateau", a déclaré jeudi à Pékin Jiang Yu, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Près de quatre semaines après les élections générales zimbabwéennes, le résultat officiel de la présidentielle - qui se jouait entre Mugabe, 84 ans dont 28 au pouvoir, et Tsvangirai, 56 ans -, n'a toujours pas été annoncé et l'exaspération monte.
Si le président sud-africain Thabo Mbeki est souvent critiqué pour sa "diplomatie discrète" à l'égard de son voisin Mugabe, son successeur potentiel, Jacob Zuma, s'en est quelque peu démarqué.
En visite à Londres, le favori pour les élections sud-africaines de 2009 a estimé mercredi que la situation n'était "pas acceptable". Zuma a toutefois jugé prématurée l'idée d'un embargo militaire général contre Harare et ajouté, jeudi, qu'"injurier" le plus âgé des présidents africains n'était pas la voie à suivre.
Avertissant que "le Zimbabwe est au bord de l'abîme", le prix Nobel de la Paix sud-africain et ancien archevêque anglican du Cap, Desmond Tutu, a au contraire appelé l'ONU à élargir l'embargo sur les armes adopté par les Etats-Unis et l'Union européenne depuis la réélection controversée de Robert Mugabe en 2002.
Imperturbable, la commission électorale a continué à délivrer au compte-gouttes les résultats d'un nouveau comptage partiel des scrutins du 29 mars, entamé samedi dans 23 des 210 circonscriptions du pays.
Elle a repris une étrange chorégraphie déjà observée début avril, créditant tour à tour le parti au pouvoir et l'opposition. Après un siège de député mercredi à l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (au pouvoir), elle a annoncé jeudi que le parti de Tsvangirai, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), en conservait également un.
Le MDC, initialement donné vainqueur des législatives avec 109 sièges, a rejeté ce nouveau comptage, n'y voyant qu'une manoeuvre de Mugabe pour se maintenir au pouvoir.
L'opposition a aussi a dénoncé un nombre croissant d'attaques contre ses sympathisants.
Une association de médecins zimbabwéens a fait état d'au moins 323 patients, battus et torturés ce mois-ci, la plupart par "des forces en uniforme", militaires ou policiers.
A Londres, des responsables de l'Eglise anglicane ont averti que le Zimbabwe encourait le risque d'une "violence communautaire exacerbée" semblable à celle qu'ont connue le Rwanda en 1994 et le Kenya ces derniers mois.

© 2008 AFP

La paix en Afrique au bout de la plume


Par leur façon de relater l'actualité, les médias peuvent attiser les conflits ou les apaiser. Deux associations suisses organisent des ateliers de sensibilisation des journalistes à la paix et à la réconciliation. Le dernier s'est tenu en Côte d'Ivoire.
«Au Rwanda, en 1994, les moyens de communication modernes, dont la Radio Télévision Libre des Milles Collines (RTLM), ont été le fer de lance d'une propagande de la haine qui a mobilisé les cadres de l'Etat, les forces armées et de police, les services administratifs et la population organisée en milice.»
Michel Gakuba ne mâchait pas ses mots à la tribune des Nations Unies à Genève, lors de la commémoration, le 7 avril dernier, du génocide des Tutsi au Rwanda. A l'appui de ses propos, le président de l'association Ibuka citait Léon Mugesera, idéologue de la tristement célèbre radio: «Renvoyez les Tutsi d'où ils sont venus, par les voies les plus rapides.»
Et la suite est connue: des milliers de corps charriés par les rivières et exposés aux écrans de télévision du monde entier. Les pêcheurs du Lac Victoria ont été les seuls à crier au secours parce qu'ils étaient privés de poissons. «Personne d'autre ne s'est inquiété de la catastrophe humaine», martelait ce rescapé Tutsi devant un auditoire visiblement impressionné.
Belligérants manipulés
Si le génocide rwandais est l'exemple le plus emblématique de l'impact des «médias de la haine» sur la machine de guerre, d'autres conflits ont été largement attisés par des journalistes manipulés par les belligérants. Notamment la Côte d'Ivoire, en crise depuis 2000, où Infosud et Initiatives et Changement International, tous deux basés à Genève, ont réuni 25 journalistes début mars dans le cadre du programme «Journalisme de réconciliation et de paix».
L'idée de ce programme est née en avril 2004. Fabrice Boulé, journaliste à Infosud, se trouvait alors à Goma. «On formait des journalistes qui, après avoir passé quelques heures dans le cocon de notre salle de classe, retournaient à la dure réalité du Sud-Kivu - une région qui, dix ans auparavant, avait vu affluer un million et demi de réfugiés rwandais en quelques jours. Un soir, j'ai rencontré un gars avec les yeux injectés de sang qui m'a dit: "Si les choses ne changent pas, on recommencera et, cette fois, on finira le boulot!" Il se disait de la société civile locale et me parlait d'un deuxième génocide. Ca m'a pétrifié. Je me suis rendu compte que notre formation était complètement déconnectée de la réalité. Et j'ai eu envie de passer à autre chose.»
Changement individuel
De retour en Suisse, il se rend à Caux, où Initiatives et Changement International tient ses conférences d'été. Il décide d'organiser des ateliers de sensibilisation à la paix et la réconciliation pour les journalistes. Avec une méthode originale: «Eux, ils transmettent le savoir-faire et nous, nous transmettons le savoir-être, nous explique Danielle Maillefer, directrice d'Initiatives et Changement International à Genève. La base de notre formation, c'est l'écoute et le dialogue.»
Convaincu que la transformation de la société passe par le changement individuel, le Mouvement essaie d'insuffler un peu d'éthique dans les relations internationales, industrielles et familiales. En insistant sur la responsabilité individuelle: «On ne peut pas toujours mettre la faute sur l'autre !» résume Danielle Maillefer.
Des médias socialement responsables
Si les médias, à eux seuls, ne peuvent pas mettre fin à la violence, des médias socialement responsables sont indispensables pour surmonter une crise. Pour cela, les journalistes doivent accepter de se poser certaines questions sur leur rôle, leur fonctionnement qui privilégie le spectaculaire, l'éphémère, le conflictuel. Et pourquoi la paix ne se vendrait-elle pas aussi bien que la guerre? Pourquoi le journalisme de guerre est-il un genre noble, sans qu'on parle jamais de journalisme de paix?
«Nous ne sommes ni des curés, ni des psychologues, se défend Fabrice Boulé. Nous proposons des valeurs simples, un humanisme respectueux de la vie et des différences, qui nourrit un journalisme équilibré et fouillé.»
Réfutant tout angélisme, il a constaté à maintes reprises l'efficacité de la démarche: «Pendant un jour et demi, on marchait sur des charbons ardents et la tension était palpable entre nos bouillants journalistes. Mais le deuxième jour, nous avons proposé une réflexion sur I have a dream, de Martin Luther King. Et là, les participants ont commencé à s'ouvrir.» Même si certains attendent de cette méthode des miracles, elle ne prétend pas résoudre les problèmes par un coup de baguette magique. Mais le fait que les gens se respectent constitue un progrès certain.
En Côte d'Ivoire, l'atelier visait à promouvoir la synergie des médias pour des élections propres et sans haine. Car même si l'élection présidentielle, initialement prévue en juin, a été reportée au 30 novembre, son approche échauffe déjà les esprits.

swissinfo, Isolda Agazzi/Infosud

Suisse: Credit Suisse - UBS: deux façons de faire des pertes


Les chiffres rouges et les nouvelles dépréciations d'actifs annoncées jeudi font de Credit Suisse une des banques européennes les plus touchées par la crise du crédit jusqu'ici. Loin derrière UBS toutefois. L'avis de deux spécialistes de la branche.
Cette perte pour Credit Suisse est-elle une surprise?
S'il la juge «très regrettable», Alain Bichsel n'est pas surpris. L'évolution des marchés, en mars surtout, la laissait prévoir, estime le porte-parole de la Commission fédérale des banques (CFB), autorité de surveillance officielle en Suisse.
Analyste financier chez Bordier, Michel Juvet n'est pas plus surpris. Depuis quelques semaines, les informations laissaient supposer cette perte. Certaines estimations circulant dans le marché allaient même bien au-delà.
Quelles explications à ces mauvais chiffres?
Comme UBS, Credit Suisse a procédé à des amortissements sur les produits à risque CDO (instruments financiers liés à des crédits hypothécaires commerciaux), indique Michel Juvet.
Autre domaine, qui touche plus UBS que Credit Suisse: les prêts hypothécaires commerciaux. Une petite partie de la perte est due aussi aux opérations de financement à levier d'entreprises.
La banque conserve toutefois une «très bonne capitalisation» (9,8% de ratio de fonds propres de base T1) et dépasse les obligations légales. Elle est très solide aussi sur le plan de la liquidité, indique Alain Bichsel. Conséquence: ces mauvais résultats ne modifient pas l'appréciation générale de la Commission fédérale des banques à son propos.
Inquiet pour l'avenir de la banque?
«Non», assure tout net Alain Bichsel. L'inquiétude était justifiée à l'égard d'UBS – en termes de stabilité et de fonctionnement - mais pas de Credit Suisse, confirme Michel Juvet.
Cette banque est nettement moins endetté que ne l'a été UBS. Son exposition aux produits à risque pur est nettement inférieure aussi. Par contre, on peut craindre encore de nouveaux amortissements, estime Michel Juvet.
Qu'on fait de différent Credit Suisse et UBS?
Trop tôt pour le dire, assure Alain Bichsel. Seule certitude: Credit Suisse était nettement moins exposé dans les affaires «subprime».
Première grosse différence, selon Michel Juvet: UBS s'est beaucoup plus endettée pour aller investir dans des produits à risque. Ensuite, les types d'investissement et la prise de risque ont été différents. UBS s'est presque exclusivement concentrée sur ce qu'il y avait de plus risqué et de plus artificiel (les CDO). Credit Suisse s'est fortement investi dans des opérations économiques traditionnelles de financement d'entreprises et de fusions-acquisitions.
Autant UBS est touchée en raison de l'effondrement des produits titrisés liés à l'immobilier [produits spéculatifs], autant Credit Suisse l'est à cause du ralentissement économique et du fonctionnement du crédit, qui freine toutes les opérations de financement. Credit Suisse subit la conséquence des dégâts causés par UBS, résume Michel Juvet.
Pourquoi UBS recapitalise-t-elle et pas Credit Suisse?
Cela tient à la stratégie propre à chaque banque, estime Alain Bichsel. UBS a toujours dit, en tant que banque internationale de gestion de fortune, vouloir un haut niveau de fonds propres. Une question d'image.
La dimension des pertes des deux grandes banques n'est pas comparable, complète Michel Juvet. Et UBS a encore 30 milliards investis dans des titres à grande volatilité et à très grand risque. Nettement plus que Credit Suisse. Elle a donc besoin de consolider son niveau de fonds propres pour couvrir de nouvelles pertes éventuelles.
Pourquoi cette idée de sortir la banque d'investissement chez UBS mais pas chez Credit Suisse?
«Mystère!», pouffent les deux spécialistes...
La banque d'investissement de Credit Suisse a fonctionné de manière traditionnelle. Celle d'UBS comme un Fond spéculatif («Hedge Fund»), estime Michel Juvet. Mais le vrai problème, c'est le niveau de risque pris par cette unité.
Or, UBS a réduit ce niveau de risque. Michel Juvet est donc d'avis qu'il faut conserver la banque d'investissement pour la remettre sur pied. Quitte ensuite à la vendre, lorsqu'elle aura retrouvé une certaine valeur.
L'important sur la base de cette crise, estime Alain Bichsel, c'est d'apporter des retouches au système de régulation de la branche. Pour le représentant de la CFB, séparer les diverses activités ne permettra de toute manière jamais de réguler tous les risques.
Les attentes pour le secteur bancaire?
L'agenda des grandes banques internationales est clair, selon Michel Juvet: amortir, provisionner, recapitaliser. Ces trois éléments resteront à l'ordre du jour des trois prochains mois. Après ce délai, la grande partie des amortissements sera probablement derrière.

swissinfo, Pierre-François Besson

France: Déclaration de principes : le Parti Socialiste grave les droits homosexuels dans le marbre



Le projet de "déclaration de principes" du PS a été enrichi d'un nouvel article stipulant que le "Parti socialiste est féministe" et combat "les atteintes à la dignité liée au sexe ou à l'orientation sexuelle". Une avancée saluée par Homosexualités et Socialisme.

La nouvelle "déclaration de principes du parti socialiste" sera adoptée lors d'une convention nationale le 14 juin prochain. Le 22 avril dernier, le bureau national du PS a décidé à l'unanimité d'ajouter au projet de texte un nouvel article présenté par Laurence Rossignol, secrétaire nationale aux Droits des femmes.

Cet article 14 du projet de déclaration de principe affirme en particulier : "Le Parti socialiste combat les atteintes à l'intégrité et à la dignité humaines en raison du sexe ou de l'orientation sexuelle." Il a été adopté à l'unanimité au bureau national du PS mardi soir.

"Le Parti socialiste est féministe et agit en faveur de l'émancipation des femmes. Il oeuvre pour l'égalité entre les femmes et les hommes et la mixité de la société. Il garantit aux femmes, l'accès aux droits fondamentaux (santé, éducation, contraception, IVG), et condamne la marchandisation du corps humain" stipule l'article 14 rajouté au texte, fort désormais de 22 articles. Le PS "combat les atteintes à l'intégrité et à la dignité humaines en raison du sexe ou de l'orientation sexuelle", ajoute-t-il.

HES (Homosexualités et Socialisme), qui a rappelé à l'occasion des forums de la rénovation du PS que la lutte contre les discriminations fondées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre participe de l'identité socialiste, salue l'intervention de Laurence Rossignol.

Avec cet article, le Parti Socialiste grave la question des droits homosexuels dans le marbre de ses principes. Cette mention - que d'aucuns pourront juger tardive - met en accord le programme politique du parti avec ses principes intangibles. En effet, le PS a déjà inscrit des droits essentiels comme le mariage et l'adoption pour les couples de même sexe dans ses promesses politiques à l'occasion des dernières élections (présidentielle et législatives).
Le fait d'inscrire dans sa "bible" le combat pour les droits homosexuels peut empêcher tout retournement de tendance conjoncturel qui pourrait survenir en son sein et met aussi ceux qui, en son sein, ne partagerait pas cette conviction devant leurs contradictions.

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