mardi 22 avril 2008

Koweit: conférence des paysans voisins de l'Irak en présence de Rice et Maliki


Bagdad, soutenu par les Etats-Unis, a exhorté mardi à Koweït ses voisins arabes à fournir une aide diplomatique et économique au "nouvel Irak", assurant que le pays avait surmonté ses crises.
Lors d'une conférence internationale sur l'Irak, le Premier ministre Nouri al-Maliki a visiblement voulu dissiper les doutes quant à la situation politique et la sécurité dans son pays.
"Je suis porteur d'un message de toutes parties: l'Irak a surmonté ses crises et ses divisions et la volonté de son peuple a été unifiée", a déclaré M. Maliki à l'ouverture de cette conférence des pays voisins de l'Irak et des grandes puissances, la troisième du genre depuis mai 2007.
"Nos mains sont toujours tendues à tous ceux qui croient en la construction d'un Irak où les libertés en matière de religion, ethnie ou de partis sont respectées", a ajouté M. Maliki.
"Le nouvel Irak n'est pas l'Irak du passé qui engageait des querelles et lançait des guerres contre les autres nations", a-t-il dit en allusion à l'ancien régime de Saddam Hussein.
Parallèlement, M. Maliki a exhorté ses voisins à aider à stabiliser son pays en tenant leurs promesses d'annulation de sa dette et d'envoi d'ambassadeurs.
"Le montant de la dette et les dédommagements que l'Irak paie causent un grave préjudice à nos infrastructures et notre économie nationale", a-t-il dit.
Selon le Club de Paris, la dette totale de l'Irak était évaluée à environ 120 milliards de dollars fin 2004.
"Nous attendons toujours que les engagements et promesses de renoncer aux créances et aux dédommagements soient tenus", a ajouté M. Maliki, en allusion aux dédommagements que l'Irak doit payer pour l'invasion du Koweït en 1990 par l'ancien régime.
L'Irak a par ailleurs officiellement demandé aux pays du Golfe d'annuler les dizaines de milliards de dollars de dédommagements pour l'invasion du Koweït en 1990 lors d'une conférence internationale à Koweït, a déclaré le porte-parole du gouvernement Ali al-Dabbagh.

Les pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite et le Koweït, ont promis une réduction substantielle de la dette extérieure de l'Irak mais Bagdad attend toujours que cela se traduise dans les faits.
Depuis une visite surprise dimanche à Bagdad, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, qui devait s'adresser dans la journée à la conférence de Koweit, ne cesse d'appeler les pays arabes à apporter leur soutien à l'Irak, notamment avec l'allègement de la dette et l'ouverture d'ambassades à Bagdad.
A l'issue d'une réunion lundi à Bahreïn avec des représentants de huit pays arabes dirigés par des régimes sunnites et de l'Irak, elle n'a cependant annoncé aucune percée sur ces deux domaines jugés cruciaux pour la stabilisation de l'Irak.
D'une façon générale, Washington voit dans une mobilisation arabe plus forte dans ce pays un contrepoids efficace à l'influence de l'Iran.
A ce sujet, Mme Rice a indiqué qu'elle n'avait pas prévu de rencontrer à Koweït le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki, dont le pays est notamment accusé par Washington d'armer l'insurrection en Irak.
Des responsables américains ont confirmé qu'il n'y avait eu aucun contact jusqu'à présent entre elle et M. Mottaki.
Depuis l'invasion américaine en 2003, qui a renversé le régime sunnite de Saddam Hussein, les voisins arabes de l'Irak se sont inquiétés de l'insécurité dans ce pays et ont hésité à soutenir un gouvernement dominé par les chiites.
Un responsable américain, parlant sous couvert de l'anonymat, a déclaré à la presse dans l'avion qui emmenait Mme Rice de Bahreïn à Koweït que la "méfiance était toujours là". Il a cependant assuré que les pays arabes avaient davantage confiance dans le gouvernement Maliki que par le passé.
Marwan Naamani AFP ¦ Condoleezza Rice et Nouri al-Maliki lors de la conférence ministérielle des pays voisins de l'Irak, le 22 avril 2008 à Koweït

© 2008 AFP