lundi 27 octobre 2008

SYRIE • Les raisons de l'attaque américaine en territoire syrien


Le 26 octobre, un hélicoptère américain lançait un raid à la frontière syro-irakienne. Il visait officiellement un chef proche d'Al-Qaida. Mais Washington montrait aussi qu'elle considère toujours la Syrie comme un pays de l'"axe du mal", analyse le quotidien Ha'Aretz.
Ceux qui s'attendaient à un bombardement de l'Iran par les Etats-Unis à la veille de l'élection présidentielle, ou immédiatement après, devront se contenter d'une frappe moins importante : une attaque par hélicoptère, dans la nuit de dimanche [26 octobre], au nord-est de la Syrie.
La principale cible de cette attaque, selon les premières informations, était un membre haut placé du "djihad mondial" – réseau lié à Al-Qaida.

Du point de vue des Etats-Unis, le contexte est principalement irakien. Il s'agit d'une frappe contre ceux qui leur causent des problèmes dans leur "arrière-cour". Elle a pour but d'assurer la stabilité en Irak. Mais il y a aussi des conséquences pour Israël. Le fait que Bachar El-Assad a été prêt à renouer des relations diplomatiques avec Israël il y a un an, avec l'aide de médiateurs turcs, s'explique dans une large mesure par l'espoir de Damas de se rapprocher de Washington.

Cela ne s'est pas réellement produit – Assad en a néanmoins tiré un dividende immédiat. Ce dernier a redoré son blason dans le monde arabe, tout en améliorant ses relations avec l'Europe.

Même si le président Bush ne s'est pas opposé aux négociations entre Israël et la Syrie, son gouvernement est resté très sceptique à l'égard du régime de Damas et a continué à percevoir la Syrie comme un pays de l'"axe du mal". Les Américains ont par ailleurs refusé de mener toute action concrète qui aurait permis aux Syriens de progresser dans leurs négociations. Désormais, il est clair que les Etats-Unis n'hésiteront pas à attaquer des cibles terroristes sur le territoire syrien.

A cet égard, les Américains ne font pas cavalier seul. Israël les a déjà précédés avec l'attaque de la centrale nucléaire de Deir Al-Zour, en septembre 2007. Sans parler d'une série de mystérieux accidents sur le territoire syrien, depuis l'assassinat d'Imad Mughniyeh [leader du Hezbollah assassiné à Damas] en février dernier jusqu'à celui du général Mohammed Suleiman [conseiller pour la sécurité du président Assad, il a été assassiné à Tartous, ville côtière au nord de la Syrie] il y a environ deux mois. Le dénominateur commun de toutes ces opérations est que plus personne ne prend la Syrie au sérieux, étant donné les violations répétées de sa souveraineté. Le pays n'a sans doute jamais connu une telle instabilité.

Cette situation en Syrie vient s'ajouter aux tensions entre Israël et le Liban. Amos Yadlin, le chef du renseignement militaire israélien, a récemment déclaré que la contrebande d'armes depuis la Syrie à destination du Hezbollah se poursuivait. Et le ministre de la Défense, Ehoud Barak, a annoncé qu'Israël était prêt à attaquer les convois d'armes, dans un contexte où le Hezbollah tente de s'équiper de missiles antiaériens.

Avant l'attaque, les Etats-Unis avaient lancé une mise en garde. La semaine dernière, lors d'une conférence de presse, un commandant américain basé dans l'ouest de l'Irak a déclaré que la situation s'aggravait à la frontière syrienne. Dans le même temps, l'Arabie Saoudite et la Jordanie fermaient leurs frontières avec l'Irak à la demande des Américains.

Ce modus operandi n'est pas sans évoquer les "assassinats ciblés" d'Israël. Les Américains ont en effet combiné efficacement le travail de renseignement et les actions sur le terrain, menant des frappes aériennes accompagnées par un raid de commando pour confirmer le succès de l'opération.

Amos Harel
Ha'Aretz

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=90851

ÉLECTION AMÉRICAINE • L'ONU vote Obama


The Washington Post s'est rendu au siège des Nations unies, à New York, pour y sonder le personnel international. Le mépris affiché par l'administration Bush pour l'organisation y a laissé des traces.
Au siège des Nations unies, on ne voit ni badges ni banderoles ni tee-shirts portant le slogan "Obama 2008", mais il serait difficile de trouver une parcelle de territoire américain plus enthousiaste à l'idée de voir le sénateur de l'Illinois entrer à la Maison-Blanche.

Un sondage impromptu réalisé auprès d'une trentaine de membres du personnel et de délégués étrangers à l'ONU montre que la grande majorité préférerait voir Obama devenir président. A les en croire, une nouvelle ère de multilatéralisme s'ouvrirait avec le démocrate, après une époque marquée par le mépris des républicains pour l'organisation internationale.

Les partisans d'Obama viennent de Russie, du Canada, de France, de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de la Sierra Leone, d'Afrique du Sud, d'Indonésie et d'ailleurs. "Je crois que vous peinerez à trouver quelqu'un à l'ONU qui ne pense pas qu'Obama serait un formidable progrès par rapport à tout autre choix", explique William H. Luers, directeur exécutif de l'Association américaine pour les Nations unies [qui promeut l'ONU auprès du public américain]. "Les huit dernières années ont été rudes, elles ont suscité beaucoup de ressentiment."

Les conservateurs, que les Nations unies laissent sceptiques, disent ne pas être surpris par cette orientation politique. "Le fait est que la plupart des conservateurs, la plupart des républicains ne vouent pas un culte à l'ONU, et je crois que cela les handicape plus que tout", remarque John Bolton, ancien ambassadeur américain à l'ONU.

Les candidats n'ont pas révélé grand-chose de leurs intentions vis-à-vis des Nations unies, mais Obama a mis l'accent sur sa volonté d'avoir plus franchement recours à la diplomatie que le gouvernement Bush. McCain, lui, a appelé à la création d'une ligue des démocraties. Beaucoup ici redoutent qu'il ne s'agisse d'une façon masquée de mettre l'organisation sur la touche. Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est abstenu d'exprimer publiquement une préférence, mais il aurait laissé entendre en privé qu'il avait un faible pour Obama, assurent des responsables de l'ONU.

Parmi les sans-grade, on prend moins de précautions. Beaucoup voient dans les origines multiculturelles d'Obama – un père kenyan, un beau-père indonésien et une mère et des grands-parents du Kansas – un reflet d'eux-mêmes. "Nous ne le considérons pas comme un Africain-Américain", affirme Atoki Ileka, ambassadeur de la RDC. "Pour nous, il est africain."

Cet été, un responsable de l'ONU a organisé une soirée et demandé à ses invités de placer un autocollant représentant un éléphant ou un âne [respectivement l'emblème des républicains et des démocrates] à la porte d'entrée afin d'afficher leur préférence politique. A la fin de la soirée, la porte était couverte de trente ânes et de deux éléphants. "Nous nous sommes aperçus qu'un des républicains était américain et que l'autre ne pouvait pas voter", raconte un témoin. "Nous avons donc convaincu l'Américain de voter pour Obama."

La petite minorité qui soutient McCain à l'ONU – deux seulement des 28 représentants et diplomates interrogés ont dit pencher en faveur du sénateur de l'Arizona – se sent parfois bien seule à Turtle Bay [où se trouve le siège de l'ONU à New York]. "Moi, je me tais", reconnaît un Américain qui prévoit de voter McCain. Comme tous les autres membres du personnel du Secrétariat général, il nous a parlé sous couvert d'anonymat. Il se souvient que les démocrates n'ont pas toujours été d'aussi fervents partisans des Nations unies, et cite en exemple la campagne solitaire menée en 1996 par le gouvernement Clinton pour empêcher la réélection du Secrétaire général de l'époque, Boutros Boutros-Ghali.

Quoi qu'il en soit, la candidature d'Obama a un impact émotionnel énorme parmi les délégués des pays en développement, en particulier pour ce qu'elle révèle de la question raciale aux Etats-Unis. Ils n'ont pas oublié que l'un des plus célèbres fonctionnaires de l'organisation, Ralph Bunche [1903-1971], Africain-Américain qui a reçu le prix Nobel de la Paix [en 1950] pour son travail de médiation au Moyen-Orient, n'aurait jamais pu accéder à de si hautes fonctions dans les cercles s'occupant de la politique étrangère américaine. Quant à Kofi Annan, le premier Secrétaire général noir, il estime qu'une présidence d'Obama serait "phénoménale".

Colum Lynch
The Washington Post

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=90856

Les albinos victimes de crimes rituels en Tanzanie: une fillette tuée


Nouveau meurtre d'albinos en Tanzanie Une fillette albinos a été tuée dimanche en Tanzanie où les personnes atteintes d'albinisme sont victimes d'une recrudescence de crimes rituels, des sorciers leur attribuant des pouvoirs magiques.
La victime, âgée d'environ 10 ans, a été tuée dimanche soir dans son village de Shilela (ouest), a rapporté un élu local Joseph Manyara précisant que ses meurtriers avaient emporté un de ses bras.

Cet assassinat est intervenu quelques heures après un nouvel appel du président tanzanien Jakaya Kikwete à intensifier la répression contre ces meurtres.

Le 2 avril, M. Kikwete avait déjà annoncé une série de mesures destinées à protéger les albinos des attaques perpétrées ou commanditées par des sorciers qui utilisent des parties de leur corps pour attirer la chance.

Dans le cadre de ces mesures, la police avait été appelée à redoubler d'efforts pour retrouver les sorciers soupçonnés de ces crimes tandis que les albinos avaient reçu l'instruction de s'enregistrer auprès des autorités afin qu'elles puissent assurer leur sécurité.

Selon l'association tanzanienne des albinos, au moins 26 d'entre eux ont été tués dans le pays depuis le début de l'année. Cette vague de criminalité touche également le Burundi voisin où deux albinos ont été récemment tués par des trafiquants qui font commerce de leurs organes en Tanzanie.

Les autorités de la province de Ruyigi, frontalière de la Tanzanie, ont décidé de regrouper les 45 albinos recensés dans la province pour assurer leur protection. L'albinisme est une absence totale de pigmentation dans la peau, le système pileux et l'iris des yeux due à des facteurs génétiques.

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