mercredi 9 avril 2008

Colombie -Betancourt : La mission humanitaire française fait demi-tour


La mission humanitaire, dépêchée en Colombie pour tenter de secourir Ingrid Betancourt, rentrera en France après son rejet par les FARC. Le chef de la diplomatie B. Kouchner devrait se rendre sur place.
La France a annoncé mardi la fin de la mission humanitaire dépêchée il y a une semaine en Colombie pour tenter de secourir l'otage Ingrid Betancourt, après son rejet par la guérilla des Farc, et l'envoi prochain dans la région du chef de la diplomatie Bernard Kouchner.
"Le maintien de la mission médicale sur place ne se justifie plus pour le moment. Elle devrait ainsi quitter la Colombie prochainement", a déclaré le ministère des Affaires étrangères au nom des trois pays, la France, l'Espagne et la Suisse, participant à la mission partie mercredi dernier de Paris.
Ces pays "prennent acte de la décision du secrétariat de l'état-major central des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes) de rejeter la mission médicale qui était destinée à venir en aide à Ingrid Betancourt et aux autres otages les plus affaiblis", a souligné le ministère.
"Comme l'avait dit le président (Nicolas) Sarkozy (...), ce rejet est une faute politique grave en plus d'une tragédie humanitaire", a-t-il fait valoir dans un communiqué.
Dans son appel au chef des Farc Manuel Marulanda, M. Sarkozy avait déclaré début avril que si l'otage franco-colombienne devait mourir, "ce serait une faute politique grave" et "un crime" dont le chef de la guérilla marxiste serait tenu pour "responsable"
Parallèlement, la présidence française a annoncé que M. Kouchner "se rendra prochainement dans la région pour réévaluer la situation avec les dirigeants des pays les plus concernés".
Elle a souligné que le président Sarkozy avait accueilli "avec une profonde déception" le rejet par les Farc de la mission.
"Face à cette nouvelle épreuve (M. Sarkozy) tient à assurer la famille de notre compatriote comme celles de tous les otages que sa détermination à obtenir leur libération reste entière", a ajouté l'Elysée.
La France, l'Espagne et la Suisse regrettent, dans le texte du ministère français des Affaires étrangères, "d'autant plus vivement la décision du secrétariat que c'est à la suite d'un message des Farc elles-mêmes les informant en termes clairs que la santé d'Ingrid Betancourt s'était profondément dégradée qu'ils ont pris la décision de dépêcher en Colombie leur mission médicale".
En revanche, les trois pays "remercient les autorités colombiennes qui leur ont donné, dès l'origine, toutes les garanties de sécurité et d'indépendance".
Ils assurent que leur détermination "reste intacte" et qu'ils "resteront pleinement mobilisés en faveur de la libération d'Ingrid Betancourt et des otages les plus affaiblis et d'une solution humanitaire".
La guérilla des Farc a refusé mardi la mission humanitaire lancée par Paris, résultat, selon elle, non pas "d'une concertation mais de la mauvaise foi du (président colombien Alvaro) Uribe à l'encontre du gouvernement français".
Elle a rejeté la faute sur M. Uribe, affirmant que la mort du numéro deux des Farc, Raul Reyes, abattu lors d'un raid de l'armée colombienne le 1er mars en Equateur, démontrait que le président colombien était "l'obstacle principal et l'ennemi numéro un de l'échange" des prisonniers.
Les Farc, en lutte contre les autorités colombiennes depuis 1964, détiennent depuis plus de six ans la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, un des 39 otages dit "politiques" que la guérilla entend échanger contre 500 guérilleros emprisonnés.

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