samedi 16 août 2008

Sommet de l'Afrique australe sous haute tension face à la crise au Zimbabwe


Les chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique australe se sont réunis samedi à Johannesburg pour un sommet sous haute tension, dominé par les blocages des pourparlers de partage du pouvoir au Zimbabwe.
Les chefs d'Etat et de gouvernement d'Afrique australe se sont réunis samedi à Johannesburg pour un sommet sous haute tension, dominé par les blocages des pourparlers de partage du pouvoir au Zimbabwe.
Les trois protagonistes d'un éventuel gouvernement d'unité nationale à Harare - le président Robert Mugabe et les opposants Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara - poursuivaient en marge du sommet d'âpres pourparlers lancés il y a une semaine sous l'égide du médiateur régional, le président sud-africain Thabo Mbeki.
Les dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) ont fait monter la pression : "les négociations continuent et se poursuivront jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée", déclarait vendredi la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Nkosazana Dlamini-Zuma.
"Elles se poursuivront parce que la SADC ne peut pas se permettre de tourner le dos" à une crise qui menace la stabilité de la région tout entière, a-t-elle ajouté.
Le Zimbabwe est englué dans une crise sans précédent née de la défaite historique du régime aux élections générales du 29 mars, puis de la réélection controversée fin juin de Robert Mugabe, 84 ans, qui dirige le pays depuis l'indépendance en 1980.
Signe du froid envers le régime, l'entrée des chefs d'Etat et de gouvernement pour l'ouverture officielle du sommet n'a suscité aucune réaction dans la salle. Le contraste était saisissant avec l'ovation qui avait accueilli le président Mugabe lors du précédent sommet ordinaire de la SADC, il y a un an en Zambie.
Dès vendredi, la troïka responsable des questions de sécurité dans la région a reçu un par un les trois protagonistes, qui lui ont présenté leur position.
"Il ne semble pas y avoir de divergence sur le concept d'un gouvernement d'unité nationale" et la troïka veut qu'un accord soit signé "pendant la durée du sommet", a indiqué à l'AFP un ministre des Affaires étrangères présent à cette réunion.
"Toutes les parties semblent d'accord" pour conclure ce week-end, a ajouté le ministre, s'exprimant sous couvert d'anonymat. "Mais ce n'est pas chose faite", a-t-il averti.
L'organe, composé de l'Angola, du Swaziland et de la Tanzanie, est saisi de toutes les questions liées à la stabilité régionale.
Selon des sources concordantes non zimbabwéennes proches des négociations, les points de litige sont encore lourds: ils portent sur la répartition de certaines compétences au sein de l'exécutif, la durée d'un gouvernement de transition et la nature des réformes constitutionnelles et électorales à engager.
Le parti au pouvoir, l'Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), veut que M. Mugabe, qui conserverait la présidence, garde la prérogative des nominations au sein d'un gouvernement d'union.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai refuse, arguant que ce droit doit revenir à l'opposition, au nom de la victoire du MDC aux législatives et au premier tour de la présidentielle le 29 mars.
Les deux parties s'opposent également sur la durée de la transition, la Zanu-PF affirmant qu'il est impossible de fixer un délai pour une réforme de fond de la Constitution ouvrant la voie à de nouvelles élections.
Enfin, le MDC veut un engagement sur la convocation d'un nouveau scrutin dans les 90 jours suivant une éventuelle rupture d'une coalition.
La crédibilité régionale et internationale du chef de l'Etat sud-africain Thabo Mbeki, déjà débouté de la présidence de son propre parti, est en jeu lors du sommet où il va rendre des comptes en tant que médiateur dans la crise.
Certains de ses pairs au sein même de la région ne cachent plus leur impatience face à ce qu'ils considèrent comme une mansuétude inappropriée vis-à-vis de son homologue zimbabwéen.

Par Dickson JERE © 2008 AF

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