mercredi 14 mai 2008

Vénézuela: Chavez accuse la Colombie de vouloir "déclencher une guerre"


Le président vénézuélien Hugo Chavez a accusé dimanche le gouvernement colombien de vouloir créer une guerre pour justifier une intervention des États-Unis dans la région. "J'alerte le continent, le peuple vénézuélien, les forces armées, sur l'intention du gouvernement de la Colombie de nous provoquer pour déclencher une guerre", a-t-il déclaré au cours de son émission radiotélévisée hebdomadaire Alo Presidente .
"Cela est planifié, cela se produirait à partir des États de Zulia et de Tachira [NDLR, dans l'ouest du pays] [...] Ce serait une guerre dans laquelle les paramilitaires joueraient un rôle de pénétration et de renseignement", a expliqué Hugo Chavez. "Président Uribe, demandez-vous bien jusqu'où cela peut aller, je vous lance publiquement un appel à la réflexion", a-t-il lâché en s'adressant au dirigeant colombien Alvaro Uribe qu'il a qualifié de "redoutable irresponsable", de "menteur" et de "manipulateur". "Uribe est très dangereux", a affirmé Hugo Chavez accusant son homologue colombien d'avoir été "l'ami de Pablo Escobar Gaviria", le chef du trafic de drogue abattu en 1993 par les Forces spéciales colombiennes.

"Nous jurons de défendre de notre vie l'intégrité de la patrie"

Plus tôt dimanche, au cours d'une cérémonie devant le haut commandement de l'armée, Hugo Chavez avait également accusé l'opposition vénézuélienne d'avoir des visées séparatistes dans certains États de l'ouest du pays, en liaison avec des intérêts étrangers. Debout en présence des chefs de l'armée, le président vénézuélien avait dit, la main levée : "Devant les prétentions de l'impérialisme nord-américain, de l'oligarchie vénézuélienne et de mouvements qui tentent d'encourager le séparatisme, nous jurons de défendre de notre vie l'intégrité de la patrie. Ce serait une cause de guerre si quelqu'un venait ici pour tenter de diviser le Venezuela. Nous avons une seule patrie libre et souveraine", a-t-il insisté.
La semaine dernière, Hugo Chavez avait affirmé que l'opposition vénézuélienne comptait remporter les élections régionales de novembre prochain dans cinq États de l'ouest du Venezuela (Zulia, Merida, Apure, Barinas et Tachira), afin d'y promouvoir des statuts autonomistes. Des propos qui ont été tournés en dérision par le gouverneur de l'État de Zulia, Manuel Rosales, qui a estimé qu'il s'agissait d'"un accès lunatique" du président vénézuélien et que le prétendu plan sécessionniste au Venezuela existait "uniquement dans son esprit". Actuellement, sur les 24 États que compte le Venezuela, seuls deux sont gouvernés par l'opposition, Zulia, dans l'Ouest, et Nueva Esparta, dans le Nord-Est.

"Le gouvernement des États-Unis utilise Interpol"

Par ailleurs, Hugo Chavez a répété dimanche que les données informatiques montrant des liens entre lui et la guérilla colombienne des Farc étaient des faux. Le président vénézuélien a même accusé Interpol de s'apprêter à couvrir ce qui est selon lui une "manipulation" américaine. "Maintenant Interpol prépare un show. Mais c'est le gouvernement des États-Unis qui utilise Interpol et le gouvernement de Colombie, malheureusement", a-t-il soutenu dimanche lors de l'émission Alo Presidente .
Selon le Wall Street Journal , les services de renseignement américains seraient convaincus de l'authenticité des données informatiques saisies dans l'ordinateur portable de Raul Reyes, numéro deux des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) abattu en mars dernier par l'armée colombienne en territoire équatorien . Ces fichiers révéleraient notamment l'existence de réunions entre des commandants des Farc et des responsables vénézuéliens, dont Hugo Chavez en personne.
Le Venezuela aurait même fait des propositions pour armer les Farc et leur aurait offert d'utiliser un port vénézuélien pour prendre livraison de cargaisons d'armements. Le quotidien espagnol El Pais , qui certifie avoir eu accès à des documents saisis dans l'ordinateur de Raul Reyes, a indiqué dans son édition de samedi que Hugo Chavez aurait tenté d'armer les Farc par l'intermédiaire du Bélarus.

"Un plan de l'empire"
Pour Hugo Chavez, l'affaire de l'ordinateur de Raul Reyes fait partie d'"un plan de l'empire", c'est-à-dire des États-Unis, contre le Venezuela, et "Interpol va dire qu'ils ont examiné l'ordinateur et qu'il n'y a eu aucune manipulation". De la même manière que le président américain George W. Bush "a inventé les armes de destruction massive" en Irak, "maintenant, un ordinateur dit que nous soutenons le terrorisme, que nous donnons de l'argent et des armes aux Farc, en cherchant un prétexte pour éliminer Chavez", a martelé le président vénézuélien.
La Colombie a demandé à l'Organisation internationale de police criminelle (OIPC, Interpol) de mener une enquête sur l'authenticité des documents. Le secrétaire général d'Interpol, Ronald K. Noble, devrait selon le Wall Street Journal remettre ses conclusions à Bogota dans le courant de la semaine prochaine.

http://www.lepoint.fr

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