mercredi 30 avril 2008

Autriche : Le calvaire des séquestrés aurait pu être écourté en 1999


Cette année là, des chauffagistes sont venus contrôler la chaudière située dans une pièce adjacente à l'abri souterrain, où étaient séquestrées les victimes.
Pour la police, c'est une enquête de longue haleine qui se profile. Elle pourrait durer plus de six mois.
Par cartons entiers, les enquêteurs sortent des preuves à conviction. C'est un balai incessant de policiers qui s'affaire dans la maison de Josef Fritzl, depuis la découverte de la cache où cet homme séquestrait sa fille et trois de leurs sept enfants depuis 24 ans. La police scientifique étudie avec minutie les lieux, à la recherche d'indices pouvant mener à d'éventuels complices. Car malgré les aveux de Josef Fritzl, le chef de la police criminelle de Basse-Autriche estime que l'enquête pourrait durer encore "six mois". Le temps d'examiner les pièces à conviction et aussi d'attendre que les victimes, réunies à l'abri des médias dans un service psychiatrique d'une clinique d'Amstetten-Maurer, retrouvent un équilibre psychologique suffisant pour pouvoir supporter une audition.

Elisabeth, cinq de ses enfants et sa mère Rosemarie suivent chacun une thérapie individuelle, même s'ils sont réunis dans une même unité de soins, car ils sont "tous traumatisés à des degrés divers", souligne le responsable de la clinique. "Nous devons procéder avec beaucoup d'attention pour ne pas surmener les patients", a-t-il indiqué, et précise que pour leur éventuelle audition, "il faudra encore attendre quelque temps". Leur détention aurait peut-être pu être écourtée, si l'équipe venue contrôler en 1999 la chaudière, située dans une pièce adjacente à l'abri souterrain où étaient séquestrées les victimes, avait pu imaginer ce qui se tramait derrière le mur. Mais selon les services municipaux "ils n'avaient aucune chance de savoir ce qui se cachait derrière".

Schizophrène, narcissique ?

L'Autriche, déjà très affectée par l'affaire Kampusch, se remet tant bien que mal. Le chancelier Alfred Gusenbauer a promis de tout faire pour empêcher que l'image de son pays. "Il n'y a pas d'affaire d'Amstetten, il n'y a pas d'affaire de l'Autriche, il n'y a qu'un cas particulier", a-t-il souligné. Quant à Josef Fritzl, qui est toujours incarcéré, il devrait être entendu à nouveau la semaine prochaine. Resté muet lors de sa première audition, il devrait adopter la même attitude. Avant toute chose, son avocat réclame une expertise psychiatrique. "Il faut déterminer si mon client est responsable de ses actes. Peut-être est-il schizophrène, il a tout de même eu une double vie", avance-t-il. "Il peut être déclaré responsable et avoir un dysfonctionnement mental", continue-t-il. Il s'inquiète également de la sécurité de son client en prison, où les délinquants sexuels sont particulièrement mal vus. Interrogé dans la presse locale, un psychiatre et expert judiciaire pense lui que le suspect n'était pas un malade mental, mais atteint de "narcissisme", une affection souvent liée à un désir de contrôle sur autrui.

D'autre part, l'avocat de Josef Fritzl conteste les accusations de viol et d'homicide par négligence. Si le chef d'inculpation d'homicide est retenu, le suspect encourt la prison à vie. La justice enquête en effet sur la responsabilité du suspect dans la mort, faute de soins, d'un bébé quelques jours après sa naissance dans le sous-sol en 1996. Josef Fritzl a admis avoir brûlé le corps dans la chaudière de l'immeuble. Le viol et la séquestration sont passibles de peines allant jusqu'à 15 ans de détention. Josef Fritzl avait réussi à adopter dans les années 90 trois des sept enfants nés de sa relation incestueuse avec sa fille, faisant croire aux autorités, et à sa propre femme, qu'Elisabeth, officiellement portée disparue, les avaient déposés devant la maison familiale.

D'après agence

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