lundi 19 mai 2008

Le portable explose en Afrique


Sur un continent peu raccordé au téléphone fixe, le marché du téléphone mobile connaît un essor sans précédent. L’Afrique a enregistré près de 70 millions de nouveaux abonnés en 2007. Un secteur à forte croissance devenu un employeur important.
En Afrique où le téléphone fixe est en retard, la croissance du mobile a été spectaculaire au cours des cinq dernières années. Selon l’Association mondiale des opérateurs (GSMA), l’Afrique est la région du monde où la croissance annuelle du nombre d’abonnés est la plus forte, avec près de 70 millions de nouveaux abonnés en 2007. Sur une population d’environ 960 millions d’Africains, près de 280 millions possèdent désormais un téléphone mobile, ce qui contraste avec les 20 millions d’abonnés au réseau filaire. Mais plus de 300 millions de ruraux ne disposent d’aucune couverture réseau.
Selon des statistiques de l’Union internationale des télécommunications (UIT) validées en mai 2008, le taux de pénétration de la téléphonie mobile a augmenté de 33% sur l’ensemble du continent. Certains pays restent sous-équipés comme la République Démocratique du Congo (RDC), la Somalie, l’Angola ou le Niger. Le pays le plus à la traîne est l’Ethiopie qui maintient en situation de monopole les télécommunications à la fois fixes et mobiles. Dans d’autres pays, la couverture atteint près de 80%, un taux proche du niveau de nombreux pays européens. Selon l’UIT, l’Afrique du Sud est en tête du peloton avec un taux de 83%. La Tunisie est le premier marché nord-africain avec un résultat de 75%, talonnée par l’Algérie (71% ) et le Maroc (50%).

Un secteur pourvoyeur d’emplois

Ce marché est également au cœur de flux d’investissements importants. Selon la GSMA, les opérateurs vont investir plus de 50 milliards de dollars (32,3 milliards d’euros) en Afrique subsaharienne pour couvrir 90% de la population d’ici les cinq prochaines années. A l’heure actuelle, quatre grands groupes dominent le continent : le Sud-Africain MTN (16 pays), le Français Orange (9 pays), le Britannique Vodaphone (7 pays) et le Koweitien Zain (Celtel). A ceux-là s’ajoutent une multitude d’opérateurs locaux ou encore l’Egyptien Orascom, bien implanté dans le Proche-Orient.
L’industrie des télécommunications est également le secteur qui crée le plus grand nombre d’emplois en Afrique. Selon l’UIT, quelque 264 400 personnes travaillaient pour des opérateurs fin 2005. Fin 2006, Orange employait 12 500 salariés permanents sur la zone Afrique et Moyen-Orient, tandis que MTN recensait 11 481 employés permanents. Des chiffres qui n’incluent pas tous les emplois indirects générés par le fort développement du téléphone mobile.

Un marché aux risques limités

Mais si l’Afrique attire autant les opérateurs étrangers, c’est aussi parce que les prix des licences de téléphonie ou l’entrée dans le capital d’un opérateur local sont loin d’atteindre les montants que l’on trouve en Europe de l’Est ou en Asie. C’est également un marché aux risques limités. Près de 95% des clients achètent des cartes prépayées. Les consommateurs africains sont, en effet, nombreux à utiliser ce service qui permet des économies substantielles, notamment à l’international. Aussi, malgré un revenu moyen par abonné ou Arpu (Average Revenue Per User) très faible en comparaison des pays industrialisés, il y est de 20 dollars par mois, contre 25 au Moyen-Orient et 56 aux Etats-Unis et en Europe, les marges des opérateurs restent largement bénéficiaires. D’autant que le prix à la minute en Afrique est beaucoup plus cher qu’en Europe.
A terme, l’enjeu pour les opérateurs est de développer le nombre des abonnements pour pouvoir introduire des services à valeur ajoutée comme la 3G (téléphonie de troisième génération). C’est déjà le cas, par exemple, de Maroc Telecom, de l’Egyptien Orascom ou encore du Sud-Africain MTN. Outre la 3G qui permet d’accéder à Internet sur son mobile, le Wimax, une technologie sans fil à haut débit (téléphonie mobile, points d’accès Wi-Fi) utilisant les ondes hertziennes radio, suscite une forte dynamique des opérateurs, notamment en Algérie. Dans de nombreuses régions accidentées du pays où il est trop complexe d’installer des infrastructures filaires, le choix technique s’est porté sur le Wimax. Une technologie à coût relativement bas, d’une part en terme d'investissements sur place, et d’autre part en terme d'exploitation et de maintenance.

Myriam Berber

http://www.rfi.fr

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