vendredi 25 janvier 2008

France : Fraude à la Société générale: le courtier en fuite?

Un homme d’une trentaine d’années, extraordinairement intelligent, opérateur de base dans une salle de marché. C’est le portrait qui a été brossé ce jeudi du courtier dont la fraude a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société générale. Auxquels il faut ajouter 2 milliards de dépréciations liées à la crise des subprimes, soit un total de 6,9 milliards de pertes pour une des trois premières françaises.

L'homme de 31 ans, nommé Jérome Kerviel, employé de la banque à la Défense (Hauts-de-Seine) a été mis à pied. Surtout il n'avait pas été localisé en fin d'après-midi jeudi. Le PDG de la Société Générale Daniel Bouton a déclaré devant la presse ne pas savoir où il se trouvait. Il serait en fuite.

Ce que contredit un membre du cabinet de son avocate, Me Elisabeth Meyer, sous couvert d'anonymat. Il n'est «pas en cavale». «Il était dans les locaux (du cabinet à Paris) aujourd'hui.»

A la Société générale depuis 2000


«Il travaillait à la Société générale depuis 2000 mais au front office seulement depuis 2005», a expliqué le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, lors d’une conférence de presse. Le trader aurait justement profité «sa connaissance approfondie des procédures de contrôle», acquise lors de ses précédentes fonctions au sein du back-office du groupe, pour «dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives.

Selon les dirigeants du groupe, cet homme «a agi seul, en réussissant à échapper à toutes les procédures de contrôle». Le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête après la plainte d'un actionnaire déposée dans la matinée par son avocat. La Société générale a également porté plainte contre le trader pour «faux en écritures de banque, usage de faux (...) et intrusions informatiques». La Banque de France a annoncé de son côté qu'une enquête serait «diligentée» pour examiner les conditions dans lesquelles la fraude est intervenue.

«Démissions en chaîne»

Mis à pied, «cet homme peut-il être en fuite?» ont demandé les journalistes. «Je n’en sais rien mais, si c’est le cas il sera facilement retrouvé», a répondu le PDG, reconnaissant que la direction avait pris le risque d’attendre plusieurs jours avant de révéler cette gigantesque fraude à la justice comme au public. «Nous n’avons été informés que vendredi soir. La bourse rouvrait lundi, il était nécessaire de régler la situation rapidement pour restaurer la santé financière de la banque et éviter une gigantesque crise sur le marché», a indiqué Daniel Bouton.

«Quatre à cinq» membres de la hiérarchie de la banque de financement de la Société générale ont démissionné, dont le responsable des activités actions au niveau mondial. La démission du directeur général adjoint, Jean-Pierre Mustier, a par contre été refusée. Tout comme celle du PDG Daniel Bouton. Ce dernier a présenté ses excuses «à tous les actionnaires et en particulier aux actionnaires salariés»

Perte colossale

Malgré cette perte colossale, le bénéfice net de la banque française sera positif en 2007, estimé entre 600 et 800 millions d'euros. Mais la chute est spectaculaire par rapport au résultat net de 5,221 milliards en 2006. L'action Société Générale a repris jeudi sa cotation à la Bourse de Paris en baisse de 5%, après avoir été suspendue jusqu'à midi à la demande de la banque. Pour faire face à cette situation, la banque a indiqué qu'elle allait procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros dans les semaines qui viennent.

Réagissant à cette annonce, le groupe bancaire BNP Paribas a précisé que ses comptes 2007 ne révèlent «aucune perte ni aucun élément dont l'importance justifierait un avertissement particulier au marché».


C. F. avec agence

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