La Société générale a révélé hier des pertes colossales de près de 7 milliards d’euros, dues à une « fraude » massive au sein de la banque, la plus importante de l’histoire de la finance, mais aussi à la crise des subprimes.
La banque, une des trois premières françaises, a affirmé qu’un de ses traders, travaillant à Paris au sein d’une sous-division de ses activités de marché, avait profité de sa connaissance « aussi intime que perverse » des procédures de contrôle pour « dissimuler ses positions ».
La fraude, qui creuse un trou de 4,9 milliards d’euros, est intervenue dans des activités, les dérivés actions, dont la Société générale est le numéro un mondial incontesté et qui nécessitent un contrôle sophistiqué des risques.
L’annonce surprise de la fraude en a éclipsé une autre, celle de dépréciations supplémentaires de 2 milliards d’euros liées à la crise des subprimes.
L’employé, Jérôme Kerviel, qui a reconnu les faits selon la banque, a été immédiatement mis à pied et une plainte a été déposée contre lui hier après-midi auprès du parquet du tribunal de Nanterre pour « faux en écritures de banque, usage de faux et intrusions informatiques ». « Je ne sais pas où il est », a déclaré le PDG de la banque, Daniel Bouton, qui n’avait pas communiqué son identité.
Âgé de 31 ans, le courtier a construit seul, « depuis son poste de travail, une entreprise dissimulée à l’intérieur de nos salles de marché », a déclaré M. Bouton lors d’une conférence de presse, en présentant ses « excuses » aux actionnaires. Le PDG et son directeur général délégué Philippe Citerne ont dit avoir renoncé à toucher leur salaire pendant « au moins » six mois.
« Toutes les personnes de la ligne hiérarchique de supervision, jusqu’au patron mondial des actions » de la banque, soit « quatre ou cinq personnes », ont été renvoyées, a-t-il précisé.
La ministre de l’Économie, Christine Lagarde, a annoncé qu’elle avait demandé à la Commission bancaire, l’organe de surveillance des banques, des « contrôles additionnels » sur les banques. La Commission a diligenté une enquête.
« Comment se fait-il qu’en dépit des contrôles, aucune malversation n’ait été décelée ? » s’est interrogée Mme Lagarde au Sénat.
Au forum de Davos, le Premier ministre François Fillon a reconnu une « affaire sérieuse » mais qui, selon lui, n’a rien à voir « avec la situation des marchés financiers ».
M. Bouton a insisté sur le fait qu’en dépit de cette fraude et de la crise financière, le résultat net de la banque restera positif en 2007, mais entre 600 et 800 millions d’euros. Une chute spectaculaire par rapport aux 5,2 milliards de 2006.
« La Société générale est tellement solide dans l’ensemble de ses composantes qu’au contraire de la banque Barings, au jour où nous annonçons la fraude, la situation financière de la banque est non seulement restaurée, mais elle est plus forte », a-t-il dit.
Pour renforcer ses fonds propres, la Société générale va procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d’euros dans les « jours qui viennent ».
L’action, suspendue toute la matinée à la demande de la banque, a fini en forte baisse de 4,14 % à 75,81 euros dans un marché en hausse de plus de 6 %. Le titre a perdu 23 % depuis début 2007 et 42 % sur les six derniers mois.
Le record précédent était détenu par Yasuo Hamanaka, qui avait fait perdre 2,6 milliards de dollars à son employeur en effectuant des transactions frauduleuses sur le marché du cuivre dans les années 90.
L’association des petits porteurs actifs (APPAC) de la Société générale a déposé hier une plainte contre X pour « diffusion de fausses informations ou trompeuses ayant agi sur le cours de Bourse des titres »
Source : l' orient-le jour
vendredi 25 janvier 2008
France : La Société générale victime d’une « fraude » massive et des subprimes
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