vendredi 23 mai 2008

Afrique du Sud: les violences xénophobes se propagent au Cap


Les violences xénophobes xénophobes dans les townships sud-africains ont continué à se propager, touchant pour la première fois la province du Cap, poussant le parti au pouvoir à appeler à "reprendre la rue aux criminels", alors qu'à Johannesburg le calme semblait revenu vendredi.
Les attaques contre les immigrés, qui ont débuté il y a près de deux semaines et ravagé les bidonvilles de Johannesburg faisant plus de 40 morts et 17.000 déplacés, se sont étendues aux environs du Cap (sud-ouest), fleuron touristique et capitale parlementaire du pays.
Comble de l'ironie, c'est une réunion publique sur la xénophobie, sensée être préventive, qui a dégénéré jusque tard dans la nuit de jeudi à vendredi au coeur du bidonville de Dunoon, à 20 km au nord de l'agglomération.
"Des bandes ont commencé à piller des boutiques appartenant à des Zimbabwéens et d'autres étrangers", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police pour la province du Cap, Billy Jones. Douze personnes ont été arrêtées.
Le Congrès national africain (ANC, au pouvoir) a appelé ses membres à former des comités dans les townships afin de "reprendre la rue aux criminels" auteurs des attaques.
"Ce type de conduite n'aura jamais sa place dans notre pays", a affirmé Gwede Mantashe, secrétaire général de l'ANC, qui dirige le pays depuis la fin du régime raciste d'apartheid en 1994. "Aucune raison ne peut nous pousser à agir d'une façon aussi atroce".
Les Springboks, la très populaire équipe nationale de rugby, se sont dits "horrifiés", exprimant leur "déception face au fait que les responsables de tels actes soient des compatriotes sud-africains".
Les violences, qui ont éclaté le 11 mai dans le bidonville d'Alexandra, à Johannesburg, se sont propagées à divers townships de la capitale économique sud-africaine, puis depuis mardi à d'autres provinces.
La province du Limpopo (nord) a été touchée pour la première fois. Un Mozambicain de 28 ans a été poignardé à l'épaule lors de l'attaque de maisons d'immigrés et 11 personnes ont été interpellées, a indiqué vendredi la police.
De nouveaux troubles ont agité la province du KwaZulu-Natal (sud-est). "La nuit dernière, un étranger a été blessé par balles dans le township de Catomanor, à moins de 10 km de Durban. Il est à l'hôpital", a déclaré à l'AFP la commissaire Phindile Radebe. Plus de 500 immigrés zimbabwéens, malawites et mozambicains se sont réfugiés au poste de police.
D'autres violences ont éclaté dans la province du North-West, visant notamment des Pakistanais, comme dans la province du Free State (centre) la veille. "Des étrangers ont été attaqués et leurs boutiques pillées", a déclaré à l'AFP le commissaire Peter du Plessis, précisant que deux Pakistanais avaient été "poignardés".
Confrontés à quelque 40% de chômage et de pauvreté, nombre de Sud-Africains reprochent aux immigrés, dont trois millions de Zimbabwéens ayant fui la crise dans leur pays, de prendre des emplois et de contribuer à la criminalité.
Autour de Johannesburg, la violence semblait en revanche maîtrisée, des policiers d'élite et des militaires ayant été déployés en renfort.
"C'est calme", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la police, Govindsamy Mariemuthoo.
Depuis le 11 mai, au moins 42 personnes ont été tuées, des centaines blessées et plus de 500 arrêtées dans la seule province du Gauteng, où se trouve Johannesburg.
Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s'est dit "profondément inquiet", parlant de plus de 17.000 déplacées.
Les immigrés regagnent leurs pays en masse, dont des milliers de Mozambicains. Le Malawi a commencé à rapatrier ses ressortissants. Le Zimbabwe s'est dit prêt à assister les siens.
Le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC) se sont dits préoccupés par ces violences qui ternissent la réputation de la première puissance économique du continent.

© 2008 AFP

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