jeudi 15 mai 2008

Les dessous du réseau télécom du Hezbollah au Liban


Le réseau de télécommunication réservé du Hezbollah au Liban, pomme de discorde des violences armées de ces derniers jours, n'est plus illégal. Les enjeux qu’il représentait pour la stabilité du Liban étaient, semble-t-il, connus depuis plusieurs mois des autorités françaises.
Le ministère des télécommunications du Liban aurait alerté le ministre français des affaires étrangères « avant le mois de mars dernier » sur ce réseau.
Selon des indications transmises par deux personnalités s’exprimant depuis Beyrouth, le ministre libanais des télécommunications Marwan Hamadé avait présenté à Bernard Kouchner, « avant le mois de mars », une carte de ce réseau et un rapport détaillé sur ses implantations.
Nous avons confirmation de l’existence de cette carte.
Un porte-parole du Quai d’Orsay, contacté par geopolitique.com à ce sujet, n’a pas été en mesure de confirmer ou de démentir officiellement à l’heure où nous publions. Ses services nous ont seulement précisés que Marwan Hamadé « se rendait souvent à Paris ».
Le gouvernement de Fouad Siniora a abrogé hier mercredi les deux décrets contre le Hezbollah qui avaient provoqué les violences des derniers jours.
Ces deux textes prévoyaient la mise hors-la-loi de son réseau de télécommunications et le limogeage du responsable de la sécurité de l'aéroport international de Beyrouth, le général Wafic Choucair, proche du mouvement chiite.
Le réseau en question est un système de téléphonie filaire, constitué de câbles enterrés, développé à partir de 1995.
Pour le secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, qui s’exprimait en conférence de presse le jeudi 8 mai au sujet de ce réseau, celui-ci a été étendu après le départ des israéliens du Liban Sud en juin 2000.
Selon lui, son existence se justifiait par le besoin des membres du Hezbollah de communiquer ensemble via un système protégé. Or, les autres réseaux existants - de téléphonie cellulaire - n’offraient pas les garanties de confidentialité suffisantes.
Il a affirmé que ce réseau ne reliait que des responsables du Hezbollah et que son maillage se limitait au Liban Sud et à la banlieue Sud de Beyrouth.
Hassan Nasrallah a en outre affirmé qu’au cours des derniers mois trois réunions au moins avaient été organisées entre son parti et le gouvernement libanais pour discuter de l’avenir de ce réseau.
Selon des proches du Parti Socialiste Progressiste du leader druze Walid Joumblatt, principal opposant du Hezbollah, ce réseau a été fortement étendu après le conflit de l’été 2006, qui a opposé au Liban Sud le parti chiite à l’armée israélienne.
Les capacités de coordination qu’il a fournies aux chefs chiites est la principale raison, selon eux, de leur succès. Une analyse partagée dans les rapports officiels israéliens consacrés à ces évènements.
À partir de 2007, selon ces proches du PSP, des ingénieurs de Téhéran incorporés dans des équipes d'une importante organisation caritative iranienne ont supervisé des travaux pour déployer considérablement ce réseau.
Des éléments d'appréciation repris par les responsables sécuritaires du gouvernement libanais.

© www.geopolitique.com

Aucun commentaire: